Monday, September 23, 2013

FPDV / ARTIST PRESENTATION / Rose Wylie : culture visuelle, démesure comique… / by Nicolas Savignat

vue générale de l’exposition à la Tate Britain de Londres

J’ai eu l’occasion de découvrir le travail de l’artiste anglo-saxonne  : Rose Wylie (1934-) à la Tate Britain de Londres. Des peintures à l’huile de grande surface nous entourent, semblables à des panneaux frontaux. Les sujets d’inspiration figurative sont nombreux, foisonnants  ; les images à la composition simple, forte, aux motifs efficaces, à la présence concise et à la matérialité ample attirent immédiatement l’œil. 

Choco Leibnitz, huile sur toile, 2006

Palm Tree and Camel (Queen of Sheba), huile sur toile, 2012

Nous devinons grâce à la facture assez grossière des scènes domestiques, des objets représentés, une exécution spontanée, cathartique, librement ordonnée  : corps raccourcis juxtaposés à des motifs géants, zones bariolées, cloisonnées par des cernes noirs, écritures envahissant l’espace de la toile, fonds réservés sans profondeur. Une composition qui tire son énergie de sa structure bancale, son rythme fragmenté, son collage scrupuleux, ses ruptures de ton, sa radicalité franche, ludique, instantanée… Il s’agit de la discipline du «  cut out  » (définition anglaise de découper, supprimer…).

Pin Up and Porn Queen Jigsaw, huile sur toile, 2005

Ses sources d’inspiration sont nombreuses et issues de la culture de l’image contemporaine  : la période métaphysique de Giorgio De Chirico (1888-1978), les miniatures persanes, les prédelles de la Renaissance, les héroïnes de Wong Kar-wai (1956-), l’univers de la bande dessinée, les célébrités en vogue… Les sujets dont elle s’empare sont stylisés, transformés dans un esprit joyeux, une réalité variablement innocente, parfois même avec une cruauté toute latente…  Tous ses décalages d’associations, cette note enfantine continue, ce ton loufoque découlant de la personnalité « excentrique  » de Rose Wylie sont comme des prétextes à une recherche graphique soutenue et à une richesse formelle de la pluralité au nom d’une liberté de création.

Inglourious Basterds (film notes), huile sur toile, 2010

Arab and Dancing Girl, huile sur toile, 2006

L’artiste nous avoue, en filigrane sa défiance face à l’autorité du contrôle, à l’élaboration de la beauté comme une totalité pensante, aux conventions disciplinaires omniprésentes. Rose Wylie se situe plutôt dans une lecture du monde critique, distanciée, moqueuse… légèrement, paradoxalement en opposition.  Il se dégage de ses œuvres un esprit indocile, frondeur  ; séduisant dans sa défiguration nette, sa générosité boute-en-train, son excessivité ubuesque, son expressivité taquine, sa stupidité farceuse, sa démesure immanquablement comique. Oui, il flotte dans cette salle comme un parfum d’indépendance… l’expérience étirée, légitime, anguleuse  de l’honnêteté intellectuelle.

vue générale de l’exposition à la Tate Britain de Londres



Exposition BP Spotlight : Rose Wylie, ouverte jusqu’au 29 septembre 2013 à la Tate Britain à Londres



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